(60’)
Première le 24 juin 2011 à la Biennale de Venise
Chorégraphie, Musiques et Lumières / Emanuel Gat
Danseurs : Hervé Chaussard, Amala Dianor, Andrea Hackl, Fiona Jopp, Michael Löhr, Pansun Kim, Philippe Mesia, Geneviève Osborne, François Przybylski, Rindra Rasoaveloson
BRILLIANT CORNERS est une commande de Dance Umbrella (Londres), Biennale di Venezia (Venise) et Dansens Hus (Stockholm) au sein du réseau ENPARTS European Network of Performing Arts qui bénéficie du soutien de la Commission Européenne.
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2011, Sadler’s Wells (Londres), deSingel (Anvers). Avec le soutien de la Fondation BNP Paribas, du Conseil Général des Bouches du Rhône-Domaine de l’Etang des Aulnes, de la Régie Scènes et Cinés Ouest Provence/Théâtre de l’Olivier. La compagnie Emanuel Gat Dance reçoit le soutien du SAN Ouest Provence, Ministère de la Culture-DRAC Provence Alpes Côte d’Azur, la Fondation BNP Paribas.
BRILLIANT CORNERS est un organisme chorégraphique composé par dix danseurs. C’est d’abord le titre d’un album du jazzman Thelonious Monk paru en 1957. La musique de Monk ne figure pas dans la bande son de cette pièce mais elle est présente par bien des aspects. La pièce partage avec elle une certaine approche du processus de transformation de la matière première artistique (dans un cas les sons et la composition musicale, dans l’autre les danseurs, le mouvement et la chorégraphie) en des univers où il est offert à l’artiste aussi bien qu’au spectateur de porter, l’espace d’un instant, un regard un peu plus vif, plus clair sur le monde.
Le point de départ chorégraphique de la pièce se concentre sur les forces « initiatrices », qui déterminent la forme que la chorégraphie va finalement adopter. Plutôt que « Quelle forme a-t-elle ? » ou « Quelle forme je veux qu’elle prenne? », c’est bien le « Pourquoi prend-t-elle cette forme? » qui est ici questionné. Le processus s’affranchit du désir de contrôle sur le résultat final. Il se concentre sur la compréhension des forces humaines et mécaniques qui génèrent le mouvement et la manière dont elles déterminent la composition d’ensemble. La création commence par la recherche et l’élaboration d’un environnement dans lequel, à la fois les danseurs et moi-même, pouvons explorer la nature complexe de ce processus d’où les structures émergent. Les expérimentations, spéculations, tentatives et réévaluations de la base de la substance chorégraphique (mouvement, temps, espace) permettent à la pièce de grandir peu à peu jusqu’à devenir un monde cohérent et autonome.
La musique de « Brilliant Corners » a été créée à travers un processus qui emprunte de nombreux outils et mécanismes à celui de la chorégraphie. L’idée était de créer une structure parallèle et indépendante qui coexiste avec la structure chorégraphique. Elle est constituée de centaines d’extraits musicaux tirés de sources diverses, qui sont ensuite soumis à un lent processus de manipulations, d’interactions et d’influences réciproques. « Brilliant Corners » est constituée d’une multitude de détails associés avec le plus grand soin. C’est une oeuvre à la fois complexe et simple : complexe en raison de ses structures et cependant simple et directe de par sa capacité à communiquer l’immédiateté et l’intimité humaines d’une situation dramatique. Une façon d’aborder « Brilliant Corners » serait de considérer qu’il n’y a aucune idée exceptée l’oeuvre elle-même. L’objectif de ce travail est avant tout de diriger notre perception sensorielle vers la réalité chorégraphique en tant que telle, pour l’en dégager ensuite afin d’éveiller notre attention aux questions fondamentales de la vie, de la culture, de la société. « Brilliant Corners » offre au public quelque chose qui ne peut pas être pleinement « compris » et lui propose d’accepter de le saisir dans son infinie « inintelligibilité », de se défaire d’un besoin d’abondance dans l’interprétation du contenu et de se concentrer sur le fait de voir plus, entendre plus et ressentir plus afin de tirer parti au maximum de l’expérience qui lui est proposée par la réalité chorégraphique.
Emanuel Gat
«On a suivi [Emanuel Gat] dès son arrivée en France, avec la conviction qu’un jour il livrerait une de ces pièces qui marquent l’histoire de la danse. Pas besoin d’argument, d’image, de décor, Emanuel Gat a une totale confiance en l’art chorégraphique et dans les danseurs. Les dix danseurs se présentent de dos et c’est à peine croyable de les voir oeuvrer ensemble tout en revendiquant une solitude farouche, sauvage tel le chorégraphe. Ils resplendissent à tous, dans les coins les plus reculés, ils échangent des regards chargés, ils se reposent parfois sur le plateau, dans la marge, toujours présents. Quant aux solos, ils explosent en mettant en valeur chacune des différentes personnalités du groupe. On ne se lasse pas de cette danse qui n’a aucune échappatoire et se pose là en vérité. (…) Sans complaisance, Emanuel Gat enfourche la beauté, en fait son cheval de bataille »
Libération, Marie-Christine Vernay
« Faut-il évoquer la danse de grand mouvement, de ligne claire et de haute composition ? Alors estimons qu’Emanuel Gat, dans Brilliant Corners montre un talent vertigineux pour redonner à pareille esthétique une acuité formidablement incisive. La monstrueuse intelligence d’une forme d’organicité relationnelle, fait respirer l’émergence des formes gestuelles sur les toiles de fond humaines aux contours corporels lestement trempés, de tableaux recomposés à l’infini. »
Mouvement.net, Gérard Mayen
« Mais quel plaisir de suivre ainsi cette pièce à la manière d’une geste humaine aussi risquée qu’aventureuse. Et quel bonheur d’assister seconde après seconde à son développement à travers le fin tissage de ses codes et signes pour atteindre l’expression d’une perfection purement éblouissante. (…) Emanuel Gat (…) nous livre via ce moment d’exception une réflexion sur l’infime des constructions humaines au coeur d’un monde pris dans la tourmente. Brillantissime. »
Les Inrockuptibles, Patrick Sourd
« Brillante, c’est 1e moins que l’on puisse dire de cette chorégraphie qui emprunte son titre à un album de Thelonius Monk. De la musique de Monk, on n’en entendra pourtant pas dans cette pièce, mais on y retrouvera quelque chose du processus compositionnel, de cette stlucture qui se déchire tout en se construisant, de cette substance, ici chorégraphique, qui ressemble à un bain amniotique ou à la matière interstellaire qui relie de brillantes étoiles... »
Danser, Agnes Izrine
« Depuis 1957, Brilliant Corners était seulement le titre d’un mémorable album de Thelonious Monk. Désormais, c’est aussi celui d’une pièce fascinante d’Emanuel Gat. (…) Composée pour dix danseurs magnifiques, Brilliant Corners ne relève d’aucun modèle. »
Le Figaro, Ariane Bavelier